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Laurent Ruquier: Est-ce que je peux vous demancer si vous avez lu le livre de Michel Onfray sur Freud, puisque j'ai lu que finalement vous aviez une vraie passion pour Freud, je ne sais pas si je me trompe?
Bernard Accoyer: Oui, oui, j'aime bien la psychologie, la psychiatrie...
L. R.: Et la psychanalyse?
B. Accoyer: Oui, oui. Bien sûr.
L. R.: Parce qu'à un moment donné, les psys étaient contre vous, quand vous avez voulu, ils l'ont cru en tout cas...
B. Accoyer: Les psys, les psys... Pas les psys, attendez, une petite partie, une fraction...
Eric Zemmour: Une fraction majoritaire, on dira...
B. Accoyer: Une école de psychanalystes, plus les psychothérapeutes autoproclamés, c'est-à-dire des gens qui n'ont strictement aucune compétence, aucune formation et qui sont au mieux incompétents, au pire dangereux. Et c'était ça l'objet de mon action.
L. R.: Soyons clairs pour nos téléspectateurs. Vous vouliez encadrer le métier de psychothérapeutes...
B. Accoyer: Exactement.
L. R.: ... pour éviter les charlatans.
B. Accoyer: C'est-à-dire que quand vous poussez la porte, et qu'il y a écrit au-dessus "psychothérapeute", j'ai voulu -ça a marché, mais ça a mis onze ans-, j'ai voulu qu'il y ait derrière quelqu'un, un homme, une femme, qui ait des diplômes, des connaissances, et qu'on n'aille pas chez quelqu'un qui n'a strictement aucune connaissance en ce domaine.
Georges-Marc Benamou: Pour les psychanalystes, vous n'y êtes pas arrivé en revanche.
B. Accoyer: Je n'ai jamais visé les psychanalystes, non! Jamais!
L. R: Vous vous y êtes mal pris au départ, alors. Ils ont cru qu'ils étaient visés.
B. Accoyer: Non, le problème qu'ils redoutaient, et qui peut d'ailleurs se produire maintenant, c'est que les auto-proclamés qui représentent probablement plus de dix-mille professionnels en France, les auto-proclamés maintenant qu'ils ne vont plus pouvoir s'appeler "psychothérapeutes", ils vont peut-être chercher un autre nom, et je pense que certains psychanalystes redoutent cela. C'est un problème. Eh bien, il faudra faire pour les psychanalystes -mais j'espère en moins de onze ans!- , ce que j'ai fait pour sécuriser les usagers, ceux qui sont en souffrance, et qui ont besoin de leurs soins.
L. R: Ça veut dire que le livre d'Onfray sur Freud, vous êtes plutôt pour la thèse d'Onfray ou pas?
B. Accoyer: Non, il y va fort. Il y va fort, je ne suis pas d'accord avec lui. Bon, il y a la théorie psychanalytique, il y a une autre théorie qui est beaucoup plus rationnelle des maladies de la psyché, bon c'est un débat qui ne sera jamais clos, qui est particulièrement vif en France, entre les comportementalistes et les psychanalystes, mais on va pas rentrer dans le...
L. R.: En tout cas, c'est tout récent le décret sur la réglementation de la profession de psychothérapeute...
B. Accoyer: Dimanche dernier.
L. R.: Paru au journal officiel le 22 mai dernier, et vous avez mis onze ans...
B. Accoyer: Onze ans, six ministres de la Santé.
L. R.: Voila, et c'est Madame Bachelot, finalement...
B. Accoyer: Et j'ai dû affronter un monde pervers, avec un pouvoir considérable, pour bloquer les dossiers. Il y avait toujours un problème.
L. R.: Zemmour, là-dessus?
E. Z.: On avait l'impression que vous étiez allié avec Onfray pour favoriser les fameuses méthodes cognitives, contre les psychanalystes. C'est l'impression que vous avez donnée, ou que vos adversaires ont réussi à donner de vous.
B. Accoyer: Oui, c'est l'image qu'on a voulu donner.
En réalité, ni les psychiatres, ni les psychologues cliniciens, ni les psychanalystes n'étaient visés dans mon action, mais les auto-proclamés. Dix-mille, ce n'est pas rien! Ce sont des drames terribles! Qui conduisent parfois au suicide. J'ai connu des cas absolument dramatiques de victimes des auto-proclamés qui manipulent ces pauvres personnes en souffrance et les conduisent au désespoir, à les couper de leur famille.